Lettre d’info novembre 2015

Mes premières pensées vont naturellement d’abord aux familles et aux proches de ceux qui sont morts le 13 novembre, aux blessés et aux rescapés dont la vie ne sera plus jamais la même. Nous sommes touchés au coeur et nous souffrons avec eux, de tant d’injustice pour ces vies gâchées.

Mais mes pensées vont aussi à toute une génération qui a pris conscience d’un seul coup de sa finitude. Elles vont à tous les habitants de France qui prennent conscience de vivre dans un pays certes imparfait mais où la liberté, dont ils jouissaient jusque là sans y penser, est fragile et non partagée universellement comme valeur primordiale. La crise que nous traversons déjà depuis longtemps est d’abord une crise des valeurs, une crise de la perte du sens des mots Liberté, Egalité, Fraternité. Ces mots magnifiques de la devise de notre République sont attaqués, galvaudés, moqués depuis si longtemps que beaucoup n’y prêtaient plus attention mais ce sont bien autour de ces valeurs communes que nous nous retrouvons aujourd’hui. C’est bien autour de ces valeurs que nous devons continuer à « faire société » dans sens qu’en donnait Jean Vilar : avec TOUTE la société.

Alors nos espoirs se tournent vers les hommes et les femmes politiques de notre pays qui viennent de prendre conscience que la culture est une « arme de destruction massive » de l’islamisme radical mais je voudrais leur dire que depuis toujours nous considérons que la Culture est plutôt une arme de construction massive de l’individu, et qu’il est temps de passer de la parole aux actes. Temps aussi de réinscrire les personnes dans toute leur historicité : inscrire sa vie dans le passé, le présent et le futur parce que c’est ce que permet l’appropriation de sa culture, au delà de toutes les réécritures partisanes. Faire vivre la diversité est NÉCESSAIRE mais ne peut constituer l’alpha et l’oméga d’une politique culturelle. Vouloir donner aux personnes ce qu’elles aiment les maintient au mieux dans le passé et le présent mais ne les projette en rien dans un avenir où elles peuvent se tenir debout, en marche. Donner à découvrir c’est donner à chacun la possibilité d’aimer de nouvelles choses.

Et ces espoirs sont très grands aujourd’hui ! Ils sont portés par cette formidable prise de conscience de la valeur de notre culture que l’on sent émerger partout. Ces espoirs sont portés aussi par l’envie d’agir ensemble quelle que soit nos origines avec la conviction qu’une vie harmonieuse et digne ensemble est possible.

Les Fédérations qui ont choisi de se rassembler dans notre coordination ont fait ce choix parce qu’elles veulent agir ensemble et parce qu’elles savent que chacun peut être acteur de sa propre culture. C’est notre combat quotidien depuis toujours alors nous allons continuer et innover encore, mutualiser nos idées, nos moyens pour co-construire sans peur, avec qui voudra bien, une société libre que nous serons fiers de laisser à nos enfants.

Marie-Claire Martel

Présidente COFAC