A l’occasion des Etats Généraux de l’ESS, qui auront lieu du 17 au 19 juin prochain, la COFAC a participé à l’élaboration de la discussion sur l’ESS dans le domaine culturel en rédigeant un cahier d’espérances (Cf. article du 9 mai 2011).
La COFAC, réseau regroupant une grande variété d’associations culturelles, a préféré se concentrer sur ses indignations, et laisser les associations membres, si elles le souhaitent, « faire la preuve » et présenter leurs projets innovants, car il était difficile de mettre en exergue l’initiative d’une association plutôt qu’une autre.
L’indignation de la COFAC se résume dans ces mots :
La culture n’est pas une espérance mais une production sociale à encourager, dans sa grande diversité. Elle ne saurait se plier à des seules logiques de rentabilité économique, politique ou de mise en concurrence.
Le cahier d’espérances de la COFAC.
La COFAC s’indigne de l’absence de valorisation des capacités créatives de chacun, du peu de place faite au processus démocratique et citoyen dans l’élaboration des politiques publiques de la culture, et par là, du trop peu de place réservée au processus de co-construction des politiques publiques de la culture.
Les associations constituées par des citoyens qui décident de se réunir sans but lucratif pour un objectif culturel sont partie prenantes de l’intérêt général.
Les associations concourent au développement de l’ensemble des secteurs culturels, permettent l’expérimentation et l’initiation, elles ont un rôle de transmission des cultures et participent de la diversité culturelle. Et pourtant, elles ne sont que peu prises en compte dans l’action publique en faveur de la culture.
Elles devraient participer à la co-construction des politiques culturelles, et pourtant, la révision générale des politiques publiques (RGPP), et la mise en place de la LOLF se font sans consultation des partenaires associatifs. L’évaluation faite par les pouvoirs publics de l’action associative n’est pas toujours basée sur des indicateurs pertinents et adaptés aux réalités du monde associatif et l’action culturelle publique n’est que trop peu évaluée dans sa globalité avec l’ensemble des acteurs partenaires, y compris associatifs.
La déclaration universelle de l’UNESCO sur la diversité culturelle, adoptée à l’unanimité des parlementaires, affirme que « toute personne doit pouvoir participer à la vie culturelle de son choix et exercer ses propres pratiques culturelles ». La déclaration de Fribourg sur les droits culturels rappelle que les « droits culturels » font « partie intégrante des droits de l’homme ». L’Agenda 21 de la culture, la stratégie de Lisbonne ont réaffirmé que la meilleure façon de mettre en œuvre ces déclarations est d’associer les personnes, en particulier lorsqu’elles sont associées collectivement, dans les organisations à but non lucratif, à la co-construction des politiques publiques. Et pourtant, trop souvent, les sens et la valeur culturels sont définis par quelques
institutions culturelles, mais sans les citoyens.
La COFAC s’indigne que le sens de l’action culturelle puisse être réduit à un objectif de rentabilité économique ou à un objectif de rentabilité politique, sans être pensé dans sa globalité.
L’utilisation marchande et financière de la culture nuit à la diversité culturelle et à la vocation sociale, solidaire et démocratique de la culture.
Donner à la culture un objectif de rentabilité politique, c’est la détourner à des fins de marketing politique et de visibilité qui occultent le travail des acteurs de territoire et le sens d’une action culturelle de proximité, avec les citoyens.
L’utilité sociale des projets artistiques et culturels ne peut être rapportée à une seule utilité politique et économique. Au-delà de la création de contenus, la culture et la créativité, dans un objectif social, contribuent au développement soutenable de nos sociétés : intégration et cohésion sociale, renforcement de compétences de publics exclus, etc.
L’élaboration des politiques publiques de la culture doit être faite par des élus visionnaires et non pas par des gestionnaires.
La COFAC s’indigne du fossé entre les réalités du monde associatif culturel et son inscription de plus en plus marquée dans le champ concurrentiel.
La généralisation de la logique de financement uniquement sur projet ne tient pas compte des réalités de la vie associative.
La disparition progressive des subventions publiques de la culture au profit de la seule commande publique est inquiétante.
L’inscription de l’action associative dans des politiques publiques prédéfinies formate les réponses et bride l’initiative et la participation de la société civile.
Que penser de la volonté, via la commission européenne et les interprétations gouvernementales du droit européen, d’inscrire de plus en plus fort les associations dans le champ concurrentiel et de la remise en cause de la notion
d’intérêt général par la commission européenne ?
Les associations continuent à véhiculer des valeurs telles que l’engagement bénévole et l’envie de s’impliquer sur un territoire. Les 134 000 bénévoles responsables à la COFAC en sont la preuve vivante.
Inquiets de la relève, fatigués par la complexification et la lourdeur croissante de la gestion associative, ils se posent la question du soutien au monde associatif, de sa reconnaissance et des moyens mis en œuvre pour favoriser le bénévolat dans une politique globale, forte et cohérente.
La COFAC s’inquiète de la difficulté des réseaux à exister.
Leurs financements se raréfient, leur existence et leurs actions sont de ce fait parfois remises en question.
Ils sont pourtant des lieux importants de la structuration des associations culturelles qui veulent se fédérer et des lieux de mutualisation, ils contribuent aux dynamiques communes, ils sont des lieux de réflexion et d’innovation et les porte-voix de la société civile organisée.
La COFAC s’interroge sur l’intitulé du groupe auquel sont rattachées les associations culturelles : « Créer, s’évader ».
L’action culturelle permet-elle de s’évader ou de s’intégrer au maximum dans le monde dans lequel on vit ?
Thème(s) associé(s) à cette ressource :
Actualités COFAC, Propositions, opinions, constats...