Rapport de la Cour des comptes sur le soutien au spectacle vivant

Le 29 mai 2022, la Cour des comptes a rendu un rapport thématique sur la politique de soutien du ministère de la Culture au secteur du spectacle vivant. Pour rappel, ce rapport avait été précédé en décembre 2021 d’une note appelant le ministère à se recentrer sur ses missions stratégiques.

1.     Le rôle d’impulsion du ministère

En premier lieu, la Cour rappelle les grandes missions du ministère dans le secteur du spectacle vivant : favoriser la création artistique, développer l’accès au théâtre, à la musique, à la danse, aux arts du cirque et de la rue, et développer et diversifier les publics.

Les moyens de cette politique s’appuient principalement sur des grands opérateurs nationaux, une politique de labélisation de lieux concernant près de 300 structures et un régime d’aides aux compagnies, aux résidences et aux festivals.

 

2.     Les difficultés du pilotage de la politique de soutien au spectacle vivant

Le rapport montre que les financements attribués par le ministère sont stables depuis 2011 (766 millions d’euros en 2011 contre 839 millions d’euros en 2020). Cependant ce financement est devenu minoritaire dans les ressources du spectacle vivant. En effet, les collectivités territoriales augmentent leur contribution au financement du secteur. Cette contribution a atteint 2,47 milliards d’euros en 2019. Il faut également ajouter le régime de l’intermittence qui représentait 450 millions d’euros en 2017 pour ce qui est des allocations versées aux intermittents du spectacle vivant uniquement.

Ce système de financement a notamment permis de soutenir une offre abondante, jusqu’à créer un déséquilibre vis-à-vis des objectifs de diffusion des œuvres. La régulation de l’offre de spectacles s’avère un problème complexe, notamment parce ce que la majorité du financement dépend désormais des collectivités et des partenaires sociaux. En conséquence, le ministère doit jouer pleinement son rôle dans le pilotage global de la politique du spectacle.

 

3.     Une politique du spectacle à réarticuler

La loi du 7 juillet 2016 relative à la liberté de création, à l’architecture et au patrimoine (dite loi « LCAP ») a donné des leviers d’intervention au ministère de la Culture, notamment dans la gestion des labels, la contractualisation avec les collectivités territoriales et les règles de nomination des directeurs des structures. Cependant, un certain nombre de moyens manquent au ministère de la Culture pour atteindre ses objectifs.

D’une part, bien qu’initiée dès juillet 2018, la mise en place du système SIBIL (Système d’information Billetterie), qui doit permettre la remontée des information de billetterie du spectacle vivant, n’est toujours pas achevée. Ainsi, l’administration manque encore de données pour améliorer sa connaissance du secteur et assumer sa mission de pilotage.

D’autre part, la Cour préconise une meilleure valorisation du rôle des DRAC dans l’animation de réseau rénovée et la hiérarchisation des orientations stratégiques.

4.     Des résultats insuffisants face aux objectifs de démocratisation et de diffusion

Selon ce même rapport, les objectifs de démocratisation et de diffusion ne sont pas pleinement atteints, malgré les financements apportés au secteur. En effet, si l’offre de spectacles est abondante, leur diffusion est faible. En 2019 le nombre moyen de représentations pour un spectacle était de 3,7 dans un centre dramatique national et de 2,3 pour une scène nationale. Concernant la démocratisation, la fréquentation des spectacles entre 2008 et 2018 a chuté chez les 15-24 ans alors qu’elle progresse chez le plus de 40 ans.

La Cour invite donc à la recherche d’une meilleure articulation de la politique du spectacle avec les politiques éducatives, afin que la culture soit autant un moyen qu’un objectif de la politique d’inclusion.

Les recommandations du rapport au ministère de la Culture :

  • Définir les grandes orientations de la politique de l’État en faveur du spectacle vivant ;
  • Établir des objectifs de diffusion plus ambitieux en associant l’ensemble des parties prenantes (État, collectivités, organisations professionnelles du secteur ;
  • Associer l’objectif de renforcement de la diffusion des spectacles à celui du renouvellement des publics et de démocratisation;
  • Doter la direction générale de la création artistique (DGCA) des outils et de l’organisation lui permettant de disposer au plus vite de données fiables et complètes pour piloter la politique en faveur du spectacle vivant ;
  • Associer plus étroitement les DRAC à l’élaboration des orientations de la politique du spectacle vivant.