Opale a publié les résultats de la seconde édition de l’enquête décennale sur les associations culturelles employeuses, menée auprès d’un échantillon représentatif de 800 associations.
Réalisée avec le soutien de nombreuses institutions et organisations sectorielles (Ministère de la culture, Audiens, Afdas, Ufisc, Cofac, Fédélima…), cette enquête constitue un point de repère pour analyser les évolutions du secteur au prisme des dix dernières années, mais aussi de la crise sanitaire et économique de la Covid-19. Elle brosse le portrait d’un monde hétérogène, engagé dans des logiques de réciprocité, d’égalité et de solidarité et caractérisé par une effervescence et une dynamique créative sans précédent. Au nombre de 30 000 en 2007, les associations culturelles employeuses sont plus de 40 000 en 2018, recensent 300 000 travailleur·se·s, 130 000 emplois en équivalents temps plein et représentent 7 milliards d’euros cumulés de budget.
Si le spectacle vivant demeure le principal terreau des associations culturelles employeuses, celles-ci forment un tissu dense couvrant tout le spectre des activités et disciplines artistiques et culturelles, ainsi que l’ensemble des territoires. Structures de proximité actives localement, elles sont en grande majorité pluriactives et polyvalentes. Les trois-quarts d’entre elles remplissent une fonction éducative (éducation artistique et culturelle, médiation, enseignement, formation…) et témoignent d’une préoccupation forte pour le jeune public. 9 associations sur 10 sont engagées dans des pratiques de mutualisation.
S’appuyant sur le don et la libre initiative des personnes (Gardin, 2006), les associations culturelles employeuses dénombrent plus de 50 millions d’heures de bénévolat et fonctionnent grâce à des instances dirigeantes variées, parfois collégiales et expérimentales. L’enquête dévoile une organisation du travail fortement différenciée selon les domaines et fonctions culturels et confirme les caractéristiques désormais bien documentées de dispersion et de précarité de l’emploi dans le secteur culturel (un tiers seulement de CDI). Elle atteste simultanément des processus d’institutionnalisation et de professionnalisation que connaissent les associations culturelles employeuses, repérables à des indices tels que la progression de l’adhésion aux réseaux et organisations professionnels ou la généralisation de l’application de conventions collectives.
A l’échelle de l’ensemble des associations étudiées, l’enquête donne à voir un modèle économique hybride, composé pour moitié de recettes d’activité et pour un tiers de subventions publiques, lesquelles proviennent majoritairement des collectivités territoriales et notamment des communes. Elle rend compte d’une redistribution inégalitaire des subventions publiques, corrélée aux niveaux de budget, aux domaines et aux fonctions des associations, ainsi que de la montée en puissance des logiques de financement au projet, qui pèsent sur le fonctionnement des organisations, sur la stabilité de leurs compétences professionnelles et infléchissent les échanges culturels vers davantage de marchandisation.
Recueillies en 2019, ces données constituent en outre un repère indispensable sur la situation de ces organisations juste avant la crise sanitaire de la Covid-19, qui les a si durement frappées.
L’originalité de l’enquête 2020 est d’exposer, à travers la multiplicité foisonnante des activités, des attaches territoriales, des réseaux de coopération, mais aussi des modes de gouvernance, des emplois et des modèles économiques décrits, la diversité du fait associatif. Il n’existe pas un seul modèle, monolithique et normatif, de faire association, mais bien une pluralité de manières et de formes, modelées par l’histoire, les usages, l’environnement socio-économique et les politiques publiques qui encadrent les différents domaines et fonctions culturels. L’enquête espère rendre visible cette diversité, afin d’en valoriser la dynamique territoriale et démocratique et d’en défendre la légitimité politique.
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Opale – 01 45 65 2000 https://www.opale.asso.fr/
Cécile Offroy, Luc de Larminat, Dellya Ombade
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